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Formes Organico-Mécaniques



Son travail est le résultat d’une expérience obtenue en suivant des procédés théoriques ; ce résultat est une réalisation visuelle, un ensemble illustratif, une œuvre qui prend son indépendance par rapport aux théories initiales : géométrique, physique, symbolique, ésotérique, ludique, …
Il est abstrait dans le sens où le sujet n'est pas reconnaissable mais par son traité figuratif chaque spectateur tend à l'associer à une chose existante comme les enfants avec les nuages. Cette abstraction est variable allant du plan schématique au rendu très matiéré, composée d'assemblage de détails de corps et de machines s'emboîtant se recouvrant et s'articulant à différentes échelles, du moins pour ce qu'on croit y reconnaître.
La composition y tient bien entendu une place très importante. Les bords du support sont associables directement à la lunette d'un périscope, d'un microscope ou tout autre scope fouillant une zone pour en découvrir un max de détails. Tel un explorateur qui après avoir balayé son univers depuis longtemps isole une chose intéressante et la retranscrit, ou ne s'arrête que sur un détail et c'est à vous d'en imaginer le reste. Les bordures de l'image sont des murs mais vous pouvez passez la tête par la fenêtre.
Le traitement de la picturalité passe par le croquis, l'intensité du trait que l'on retrouve même dans sa peinture. Il permet une retranscription vivante, vibrante et essentielle du sujet. Sur certains travaux le côté plan technique transparaît beaucoup plus, ce qui s'explique par le désir d'analyse et de report du "vu-ressenti". On y voit souvent plusieurs couches se superposant comme sur les clichés radiographiques. Certains y décèleront également une touche manga assimilable aux aspects graphiques et robotiques, ou l'univers du jouet, de la peluche, de la poupée, de cet ersatz de la vie pour enfant.
La forme, pourquoi ces trois éléments récurrents rattachés à un central ? Tout comme les calques qui s'entassent, diverses strates interprétatives s'entremêlent et peuvent être vu comme tel: Une architecture subconsciente ou extra-terrestre. Une sorte de matrice; le corps central est le 'ventre' d’où partent trois membres, des cuisses OGMisées; entre chacune d’elle se trouve un orifice (duquel pourrait sortir ou entrer quelque chose). Je ne connais pas toute sa vie privée mais il y a ce rapport à la mère un peu gore et à la femme en général plus sous forme de fantasmes. Idéalisation, rentabilité (3 jambes, 3 trous, plein de possibilités !) femme objet sans en être une, Hans Bellmer n'est pas loin. Plus poétique, on y verra un retour aux bases de la vie, micro-organismes, êtres tri-cellulaires évoluant dans un milieu sans doute aqueux, portrait d’aïeul : 'nos ancêtres les protozoaires'. Plus chamanique et plus vraisemblable un ressenti du monde et des choses qui nous entourent, les mécanismes de l'existence vus de l'autre côté du miroir, un objet irréel dont il cherche aveuglement le mode d'emploi. L'interprétation est ouverte. Si vous lisez ces lignes vous avez déjà vu certaines peintures et elles vous ont aussi fait voir ce qu'il fallait.

C’est un travail qui à évolué. Dans la continuité du design tel qu'il l’a abordé pendant ses études en Belgique, l’objet créé est supposé servir à quelque chose qui peut-être en dehors de la matérialité. Sa fonction première devient de vivre de façon autonome. Je me souviens de ses premières formes en 1999 qui avaient l’extrémité des 3 membres non définie, hors cadre. Tout était concentré sur ce ventre où quelque chose commençait à pousser; une découverte d'un second corps qui progressivement s'est humanisé et mécanisé. Lors de son année passée au Havre le côté industriel s'est installé nettement dans ses peintures, tandis que dans son grand atelier lumineux d'Ivry sur Seine se sont plus imposés concept, composition et travail du noir sur fond noir, là où tout se joue par le positionnement du spectateur et de l'éclairage. Ses créations venant d'Auvergne aux formats plus panoramiques dans lesquelles il jongle aisément avec moult techniques étaient plus concentrées à l'image de son lieu de vie, et dans la dernière mouture un parfum d'iode breton nous ouvre de nouveaux horizons.
                                                                                 LQ








 

—  Q Q ' s    f  o  m  —

par

Léon Quéhou

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